
Moustapha Leye
Peintre, Senegal-France
Moustapha Leye, dit Mousleye, né en 1988 à Pikine, Senegal, est un artiste peintre autodidacte vivant et travaillant à Dakar. Il commence à peindre en 2013. Ses peintures, d'abord abstraites, intègrent progressivement des éléments plus figuratifs. Adepte de la peinture acrylique qu’il complète parfois avec de la peinture à l’huile, Mousleye développe la technique du couteau pour travailler une accumulation de personnages à l’intérieur de vastes paysages urbains.
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Il s'inspire de son environnement immédiat, celui de la capitale sénégalaise mais également de la banlieue populaire dakaroise où il a grandi. Né dans la foule, il ne cesse de questionner la vie collective de son enfance, la surpopulation de ces villes ou les diverses manifestations sociales, politiques et culturelles qu’il a pu vivre et observer.
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Il participe à de nombreuses expositions collectives à Dakar, Gorée et St Louis mais également à Sysma en Finlande. En 2018, il est récompensé comme le meilleur jeune artiste de la semaine nationale de la jeunesse. En 2019 il remporte le prix «Révélation» de l'exposition Seentu lors du Salon national des Arts-visuels du Sénégal.
Superstition, 2022
Série de deux peintures
Selon l’étymologie latine, la "superstition" est une attitude de crédulité irrationnelle; une croyance ou pratique religieuse non orthodoxe. Dans les consciences occidentales, la superstition est restée une croyance irraisonnée, fondée sur la crainte ou l’ignorance qui prête un caractère surnaturel ou sacré à certains phénomènes, à certains actes, à certaines paroles. Elle fait pourtant partie du quotidien d’autres cultures. Au Sénégal par exemple, les superstitions régissent la vie quotidienne et certains faits et gestes. Elles cautionnent, interdisent ou autorisent des comportements et actions, le cours de la vie leurs devient intimement lié.
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"Si la paume de la main gauche te démange, tu recevras de l’argent, si c'est la droite, tu en perdras."
"Si tu offres des chaussures à ta compagne, vous risquez de vous séparer."
"Quand les chaussures s'abîment, cela abîme également la relation."
Connexion Intimes, 2022
Série de deux peintures
Le projet "Connexions intimes" nous amène à réfléchir à notre relation à l’autre, à cette interdépendance entre nous et ceux que nous nommons nos « proches » jusqu’aux connaissances les plus virtuelles. Il nous renvoie à la notion d’hérédité: celle d’un fils à son père et d’un père à son fils. Quelle est la relation d’un homme à son enfant ? Qu’avons-nous reçu en leg ? Qu'allons-nous transmettre? Mousleye a hérité de son père une passion pour la peinture et pour un médium, le goudron. Dans ses souvenirs d’enfance, il y a un atelier rempli de toiles aux larges tâches goudronnées et une odeur de pétrole qui flotte, mais il y a aussi le vide et l'absence. L'amour filial est-il instinctif ? Les figures hybrides de "Connexions intimes" nous rappellent notre part d'animalité dans nos interactions avec l'autre. À travers la relation d’un père à son enfant, Moustapha Leye nous révèle, à l’échelle de la famille, nos désirs et nos manquements à l’échelle sociétale.

'Les protégés', Connexion intime, 2021
Goudron, acrylique sur châssis
65 x 55 cm